CORPS-MEMOIRe
sTÈLES VIVANTES


 
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par Olga Caldas & OKA
 
artistes plasticiens, auteurs du projet


CORPS-MEMOIRe
stèles vivantes


hommage aux victimes des crimes contre l’humanité
perpétrés par les nazis

Comment évoquer le souvenir des crimes nazis ? Comment exprimer l’épouvante, l’effroi, la stupeur que nous ressentons sans les avoir vécus dans notre propre chair ? Comment exprimer cet indicible alors que nous n’avons pas de lien direct avec cette tragédie n’étant ni juifs ni descendants de victimes ?

Nous ne possédons que notre part d’humanité et notre légitimité d’artistes, la subjectivité de notre regard, et nos moyens propres d’expression pour traiter ce drame terrible qui nous concerne tous.

Contribuer à la transmission d’une mémoire qui voit ses derniers témoins disparaître, rendre hommage aux victimes nous paraissent essentiel.

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préambule

À chaque commémoration des atrocités perpétrées par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, une mémoire douloureuse est réactivée, et cela indépendamment de nos appartenances et de notre histoire personnelle. Ce drame, encore si proche, a bouleversé non seulement nos croyances, mais notre civilisation et notre monde.

La Première Guerre mondiale avait inspiré à Paul Valéry ces propos : « Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles. (...) Nous avons vu, de nos yeux vus, le travail consciencieux, l’instruction la plus solide, la discipline et l’application les plus sérieuses, adaptés à d’épouvantables desseins. »

Force est de constater que nous n’avions pas encore tout vu, nous n’avions pas vu l’horreur absolue de la Seconde Guerre mondiale.

L’action génocidaire nazie constitue, par son caractère systémique, méticuleusement bureaucratique, industriel dans son exécution tayloriste, un crime sans précédent dans l’histoire de l’humanité, et l’un des événements les plus marquants de notre histoire contemporaine. Nul ne peut l’ignorer et nous tous sommes concernés. Il retentit encore jusqu’au plus profond de notre être.

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le projet artistique


L
e projet Corps-mémoire a pour ambition de contribuer à rendre hommage aux victimes, de répondre par la lumière à l’obscurité, et par la création à la part la plus sombre et terrible de l’humain.

Pour honorer ces victimes, l’humanité érige des stèles de marbre, des monuments, des mausolées... Nous souhaitons, nous, ériger des stèles vivantes, faites de chair et d’os, de fragilité et de beauté ; redonner un corps à ces victimes innocentes ; leur restituer leur identité, leurs noms, leur corps symbolique.

Le projet « Corps-mémoire, stèles vivantes » est une expérience artistique inédite, radicale. Il consiste à écrire les noms des victimes, tels qu’ils ont été publiés au Journal Officiel, sur notre propre corps, sur notre propre peau. À restituer, sous la forme de mots, ce qui subsiste d’eux en nous. Comme un exorcisme, un antidote à la barbarie et aux images terribles qui sont parvenues jusqu’à nous. Faire advenir une autre image, celle qui prévalait avant l’inimaginable. Insuffler un peu de vie, d’humanité et même de poésie dans tant d’horreur.

Parce que cela aurait aussi bien pu être notre destin.

 
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le dispositif

Il s’agit d’un projet artistique multimédia convoquant vidéo, écriture-performance et photographie. Il est mis en œuvre par deux artistes, Olga Caldas, photographe, et OKA, plasticien. Chacun amène sa vision, qu’il développe selon ses techniques et sa sensibilité. Tous deux conjuguent leur talent pour faire vivre un projet unique. Corps-mémoire fait aussi appel à des intervenants qui souhaitent participer à cet hommage artistique et qui sont autant d’auteurs du projet.
Sa mise en œuvre suit un protocole identique pour chaque participant et participante de tous âges et tous hori- zons.
Elle s’articule autour des trois médias précités, utilisés en des moments distincts.

1. LA VIDÉO

La séquence vidéo pose le contexte dans lequel s’inscrit le projet. Chaque participant ou participante est invité, d’une part, à évoquer le génocide nazi, la déportation, avec ses mots et, d’autre part, à exprimer ce que signifie pour elle, pour lui, le fait de porter les noms des victimes inscrits sur son propre corps, à même la peau.

Cette interview est un moment clé. Elle vient éclairer l’état de la mémoire. Ce qui en émerge est une extrême émotion qui perdure. Évoquer ce sujet demeure une épreuve pour tous. Même pour ceux qui prétendent ignorer cet événement historique — nous en avons rencontrés ! Quelles que soient nos origines, que nous soyons jeunes ou vieux, hommes ou femmes, cela active des souvenirs, des interrogations... et toujours, une même incompréhension. Il n’est pas rare que des larmes coulent ! 

La vidéo est réalisée en couleur, afin de mettre l’accent sur le présent, la contemporanéité de ces récits, la réalité de cette mémoire telle qu’elle se présente aujourd’hui. Les participants sont filmés en plan fixe, en buste, avec pour seul décor un rideau rouge ou drap blanc en guise de fond.

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2. L’ÉCRITURE DES NOMS

Après l’interview filmée a lieu une séance d’écriture performative, réalisée par OKA, où les corps des participants se prêtent comme supports, réceptacles aux noms, prénoms, lieux, dates et parfois événements relatifs aux victimes, précieux témoignages  recopiés du Journal Officiel. Une calligraphie différente est choisie pour chacun et chacune, en fonction de sa propre histoire, au plus près de ce qui a été mis en relief et partagé au cours de l’interview. 

Pour OKA, « cet exercice permet de faire revivre quelque chose de tous ces morts. Cette tragédie, la leur, nous la sentons soudain vibrer en nous. Elle se fait drame personnel. Elle se fait expérience intime. Son souvenir revient nous hanter comme un fantôme. Lorsqu’il est là, il est nous. Nous l’avons littéralement dans la peau. Il est souffrance, mais il est aussi vérité. Sans lui, il n’y a pas de paix possible. »

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3. LA PHOTOGRAPHIE

La séance de photographies vient clôturer cette expérience. Suivant un dispositif identique pour chaque personne, Olga Caldas photographie les corps recouverts des écritures, en symbiose avec les émotions partagées durant ce long moment de remémoration et d’intimité tout en pudeur. 

Des photographies réalisées en noir et blanc, pour une mise à distance, mettant l’accent sur l’inactuel, le permanent, l’histoire, l’universel. Ces photographies sont prises sur un fond blanc, des draps, en lumière naturelle. 

Pour Olga Caldas, « il ne s’agit pas d’esthétisation, mais de révéler la part de beauté en chacun comme un antidote à l’horreur ; restituer une dignité à ces victimes, les nommer, les convoquer au plus proche de chacun, porter ces noms comme une cape, comme un manteau protecteur et fardeau à la fois ».

 
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Pourquoi une telle expérience ?

En invoquant le nom des personnes disparues en déportation, qu’elles soient juives, tziganes, résistantes, internées ou captives de guerre ; en écrivant ces noms en lieu et place d’un matricule, sur des corps de personnes bien vivantes, nous voulons interroger le rapport intime que chacun entretient avec le souvenir de ces disparitions. Et dire à quel point ce rapport est encore vivace. Personnel. Puissant.

Faire la paix avec ce drame nécessite de se mettre à nu, de se mettre à la place de l’autre ! 

Alors que les derniers témoins disparaissent, il est impératif de garder cette mémoire vivante, de continuer à leur rendre hommage afin que leur supplice n’ait pas été vain, et ainsi faire barrière au négationnisme, au révisionnisme, à l’antisémitisme toujours tenaces.

Que cela nous rappelle à tous et aux générations futures les propos de Paul Valéry sur la folie qui peut s’emparer d’une civilisation. Car cette catastrophe humanitaire peut se reproduire sous des formes différentes de l’idéologie nazie. Elle n’est jamais « dépassée ». Et même, elle se reproduit sans cesse partout dans le monde dès lors que l’intolérance règne. 

Parce que l’humain, s’il est capable d’un bien infini, est aussi capable d’un mal infini. 

Ainsi ce projet est aussi un engagement en faveur de la tolérance et de la paix. Une sorte de méditation, de prière laïque à faire ensemble pour les générations suivantes, afin que soit préservée l’innocence des « corps » futurs.

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« Quand vous entendez dire du mal des juifs,
dressez l'oreille, on parle de vous.»

  • Frantz Fanon

 

 

interviews VIDÉOS

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Rachel Hardouin - Benjamin Alazraki - Carine SobieskI
Ivan Tozzi - Ana Uchiyama - Herbert Jeremy
Werner Lambersy - Thais Moreau - Parviz Denis


notices biographiques

Olga Caldas, artiste photographe, vit et travaille à Paris. Elle est aussi directrice artistique de l’Immix galerie et responsable de la communication
à la Halle Saint Pierre, musée d’Art brut de Paris.
OKA, Olivier Carpentier, vit et travaille à Paris. Plasticien et documentariste ( INA, TV5 Monde, Arte... ), il a longtemps été rédacteur en chef de la revue “Ça m’intéresse”.

Olga Caldas
olga.caldas@hotmail.fr
06 63 90 21 21

OKA
fetichoka@gmail.com
06 99 17 56 05