CORPS MÉMOIRES - STÈLES VIVANTES
Un projet d’Olga Caldas & OKA, plasticiens.
Exposition du 20 octobre au 16 décembre 2023
Galerie Immix, Paris X
Il s’agit d’un projet multimédia – photos et écritures, vidéos, installation - qui a pour objectif de rendre hommage aux victimes des crimes nazis et témoigner du rôle de l’artiste dans la transmission d’une mémoire vivante et toujours actuelle.
Il se conçoit comme une série de photos grand format qui dévoilent des témoignages retranscrits sur des corps nus, parcellaires, conceptualisés comme des stèles vivantes. Ce dispositif est accompagné d’interviews vidéos qui laissent librement éclore la parole mémorielle des protagonistes, souvenirs réactivés par l’émotion intime ressentie en participant au projet. Le dispositif est complété par une installation interactive impliquant le visiteur qui devient à son tour acteur-passeur de mémoire.
En invoquant le nom de personnes assassinées en déportation, de confession juive majoritairement, mais également Tziganes, homosexuelles, internées ou captives de guerre, résistantes ; toutes victimes innocentes ; en écrivant ces noms effacés par la barbarie nazie sur des corps de personnes bien vivantes, nous voulons interroger le rapport intime que chacun entretient avec le souvenir de ces disparitions. Et dire à quel point ce rapport est encore vivace, personnel, puissant.
Nous ne sommes pas juifs, c’est l’aspect universel de ce crime contre l’humanité sans précèdent qui a motivé notre démarche, car il ne visait pas seulement l’assassinat de ces victimes, mais leur anéantissement total, corps et âmes, l’effacement de toute trace, la disparition à jamais de leur corps et de leur nom. Ce souvenir continue et continuera à nous hanter. Il a ébranlé nos certitudes, nos croyances, nos valeurs. Comment cela a-t-il pu être possible?
Pour honorer ces victimes des crimes nazis, l’humanité érige des stèles de marbre, des monuments, des mausolées ... Nous souhaitons, nous, ériger des stèles vivantes, faites de chair et d’os, de fragilité et de beauté ; redonner un corps à ces victimes innocentes ; leur restituer leur identité, leurs noms, leur corps symbolique ; contribuer à la transmission d’une mémoire qui voit ses derniers témoins disparaître.
Notre motivation, c’est l’hommage et le témoignage. Pour que cette mémoire reste vivante. Pour ne pas oublier. La Bête n’est jamais morte écrivait Brecht. Elle se rappelle sans cesse à notre souvenir. Un souvenir réanimé par toutes nos guerres actuelles et l'épouvante des persécutions qu'elles engendrent.
Ainsi ce projet est aussi un engagement en faveur de la tolérance et de la paix. Pour que nous puissions vivre en étant libres malgré nos différences et nos croyances dans le respect des corps et des personnes.
In fine, le projet Corps Mémoires a pour ambition de répondre par la lumière à l’obscurité,́ et par la création à la part la plus sombre et terrible de l’humain.
Qui dit art, dit courage
M a r t i n e L e c o q, écrivaine et critique d’art
Qui dit art, dit courage. Et oui, il y a du courage à empoigner dans le champ d’une exposition artistique, une réalité aussi insoutenable que celle des camps de concentration nazis, redonner à leurs morts leurs noms familiers. Du courage à les appeler doucement, un à un, comme on voudrait recomposer une fleur géante, pétale par pétale.
La justice a déjà été rendue, dira-t-on. Elle l’a été devant les tribunaux des nations, puis par chacun, devant le tribunal de sa conscience. Pourtant, il manque toujours quelque chose. C’est là où la beauté intervient.
Parmi les corps des vivants photographiés ici, certains sont juifs ou d’origine juive, mais les deux auteurs de l’œuvre, eux, ne le sont pas. Cela signe leur démarche d’une manière particulière. Bien sûr, l’humanité juive décimée réside au cœur de leur travail. Comment pourrait-il en être autrement ? Mais ils nous parlent aussi des autres, tous les autres, tsiganes, homosexuels, persécutés de tous bords... Car les innocents sacrifiés se ressemblent, il n’y a rien là de choquant à le dire. On ne reproche pas au peintre Francis Bacon, par exemple, ses représentations athées de la crucifixion, en hommage à la douleur universelle.
En art, il ne peut exister de sujet tabou. Et il ne peut en exister non plus pour l’Histoire. La Shoah elle aussi s’adresse à tous, au fur et à mesure que ses survivants et les descendants de ses survivants disparaissent, et que nous sommes là, nous, non juifs, non croyants ou croyants d’autres religions, à la recueillir respectueusement dans les feuilles de nos mains. Car plus le temps nous en éloigne, plus nous nous devons de la rapprocher de nous autrement, par d’autres biais, dans le cercle d’une fraternité élargie.
Cet ouvrage visuel autant que plastique parle du passé, d’un passé, mais il se positionne solidement dans le présent, et face à l’avenir. Il ne dit pas, bien sûr, que les plus grandes tragédies humaines sont relativisables, mais que nous pouvons toujours les appréhender autrement, sous forme de créations nouvelles. Car vouloir faire d’elles un sanctuaire les dessert à la longue. C’est même le plus sûr moyen de les oublier.
Si nous commémorons toujours de la même manière, avec les mêmes vieux rituels, les mêmes vieux rouages de lubrification du souvenir, nous oublierons, c’est certain. Nous reproduirons les mêmes horreurs. Le mal est inventif, il s’affuble sans cesse de masques imprévisibles derrière lesquels nous ne le discernons malheureusement que trop tard.
Dans la trame du titre donné à cette œuvre, les artistes en ont glissé subrepticement un autre, celui de « Stèles vivantes ». J’aime cette image qui veut faire parler, pleurer la pierre. Oui, il est toujours possible de ranimer une mémoire endurcie. La mémoire ne meurt jamais véritablement. Les traditions qui l’entourent peuvent mourir, elles, dès lors qu’elles ne savent plus l’entourer sans la blesser, donnant ainsi l’impression qu’elle meurt avec elles. Mais il n’en est rien.
UN TOMBEAU DANS LES NUES
J e a n - J a c q u e s S a r f a t i
Agrégé et Docteur en philosophie
Je m’intéresse depuis quelque temps déjà au travail artistique d’Olga Caldas. Lorsque je l’ai rencontrée, elle m’a tout de suite indiqué – pour s’identifier et se présenter - qu’elle était artiste et que c’était pour elle l’essentiel de sa vie. Plus j’observe son parcours, plus je comprends ce qu’elle a voulu me signifier en disant cela. Olga est, en effet, totalement impliquée dans ce qu’elle fait, elle vit véritablement pour son art et pour l’art en général. Son objectif, celui de son appareil, est son troisième œil. Il l’aide à voir au-delà du regard. Il lui permet de déceler ce qui se ferme ou ce que l’on veut nous cacher. Chercher dans nos corps, une manière de réhabiliter le nu contre la pornographie et les images indécentes qui polluent notre regard : tel est l’une de ses ambitions et plus d’une fois je l’ai observée, magnifiant ceux-ci, leur donnant une noblesse qu’ils avaient perdue et que les regards trop hâtifs ou trop peu indulgents refusaient de voir.
Le dernier travail qu’elle m’a donné le privilège de voir se situe dans la logique qui est la sienne et il poursuit l’œuvre qu’elle accomplit pour notre plus grand bien à tous. Voilà, en effet, qu’en collaboration avec un autre plasticien OKA, ils font porter sur des corps dénudés les noms de victimes assassinées par les nazis. Leur projet intitulé « Corps Mémoires - Stèles vivantes » est essentiel car il nous montre que nos corps sont emplis de la mémoire de ces disparus.
Le crime nazi fut un crime contre l’humanité sans précédent, car son projet ne visait pas seulement l’assassinat de ces victimes, mais s’attachait à effacer toute trace de son crime odieux et à faire disparaître à jamais le nom des victimes. Il s’agissait de les anéantir corps et âme en leur refusant l’ultime demeure d’une sépulture. L’unique salut, un tombeau dans les nuages, comme l’écrira par la suite Paul Célan.
Mais, un tombeau dans les nuages, c’est un tombeau dans les nues... Olga Caldas et OKA nous le rappellent. Mais Ils font plus encore.
On se souvient d’Antigone dans la tragédie de Sophocle. Celle-ci a perdu la vie parce qu’elle refusait que son frère n’ait pas de sépulture. Plus près de nous, le film de Clint Eastwood High plains drifter, reprend la mythologie de l'homme sans nom en mettant en scène le combat d’un homme contre les habitants d’une ville pour réhabilité la mémoire d’un frère enterré anonymement, dans une tombe sans nom.
Avec le projet « Corps Mémoires », où les noms des disparus sont inscrits à même la peau sur des corps bien vivants, Olga Caldas et OKA permettent à ces victimes innocentes d’exister un peu à nouveau et, tel le héros du grand Clint, ils leur rendent ainsi un dernier hommage en rappelant combien les bourreaux avaient l’âme abîmée, eux qui leur avaient confisqué jusqu'à leurs propres noms, remplacés par des numéros sans identité. En œuvrant de la sorte, les deux artistes nous aident également à comprendre le lien ténu qui existe entre nos âmes et le nom propre.
Les Égyptiens le savaient, eux qui furent les premiers auteurs d’un génocide à l’égard des enfants d’Israël, avaient également pour terrible coutume de vouloir faire disparaître le nom de ceux dont ils voulaient voler et salir l’âme. (...) Pourquoi les Égyptiens voulaient-ils effacer les noms des fils d’Israël dont certains étaient de hauts dignitaires respectés du peuple ? Tout simplement parce qu’ils avaient pressenti ce qui se passerait des années plus tard. Ils connaissaient bien la psychologie de l’homme ordinaire et des foules qu’ils savaient si bien manipuler. Ils avaient compris que l’homme ordinaire a besoin de preuves pour croire.
Effacer le nom, faire disparaître les tombes, c’est une manière de permettre aux révisionnismes de prospérer (..). Les Hébreux le savaient et ce n’est certainement pas par hasard que le Livre de la délivrance, celui que les chrétiens appellent le Livre de l’Exode, s’appelle Chémoth, ce qui en hébreu signifie les noms.
Olga Caldas et OKA, avec « Corps Mémoires », nous rappellent ce lien entre la mémoire et le nom et ainsi nous aident à lutter contre tous les révisionnismes. Ils ont permis que ces noms effacés par la barbarie nazie soient à nouveau rappelés. Mais aussi, ils nous ont remémoré ce que Primo Levi et Jorge Semprún, rescapés malheureux de ces terribles massacres, pouvaient ressentir. Les nazis avaient fait plus que tuer leurs frères. Ils avaient fait plus que leur prendre les plus belles années de leur vie et de leur infliger les pires souffrances. Ils avaient meurtri leur âme et certains d’entre eux se sentaient vivre un peu comme des fantômes.
En inscrivant ces noms, symboles de ces âmes et de ces identités, sur des corps bien vivants, Olga Caldas et OkA nous montrent bien à quel point ces âmes hantent encore nos esprits et nos corps et les hanteront à jamais tant que nous ne leur aurons pas accordé la délivrance.
Comment y parvenir ? Notamment, en utilisant les vertus de l’art comme révélateur et consolateur et c’est ce que font Olga Caldas et OKA, en proposant un nouveau regard sur ces victimes disparues. Ils nous montrent ce qu’est œuvrer, mais aussi qu’il faut sans doute aller plus loin que ce que Michel Foucault avait pressenti dans son maître livre Surveiller et punir. Pour Foucault, en effet, la civilisation moderne quadrille nos existences et ce quadrillage est l’une des manières de limiter nos libertés. Or ces libertés sont limitées en ce que nos corps sont abîmés par des gymnastiques, des postures imposées très tôt à l’école, à l’armée, par ces grandes institutions (dé) formatrices, qui font que nos âmes, nos esprits se trouvent dès lors enchainés.
En explorant ainsi, à nouveau ce lien qui unit les corps et les noms, donc les âmes, les esprits, Olga et OKA nous invitent à aller plus loin que le regard du philosophe et nous poussent à approfondir plus encore le sujet. Ils nous aident, ainsi, à découvrir que le crime nazi a été un crime contre l’humanité en ce qu’il a poussé le plus loin possible cette folie moderne, en affectant nos corps plus encore que nous ne le pensons.
Ce ne sont pas seulement les institutions, ce n’est pas seulement la pornographie de toute sorte qui nous abîme : ce sont les fantômes qui hantent nos civilisations et qui parfois dirigent nos vies. Ces fantômes sont présents dans nos corps et pour nous en délivrer, il faut accepter de les regarder en face.
En ayant ce regard, que l’objectif d’Olga et l’écriture des noms d’OKA, nous permettent d’avoir à nouveau, nous comprenons qu’il y a parmi ces fantômes, les victimes qui nous demandent de ne pas les oublier et de rappeler à jamais ce dont l’homme a pu être capable contre l’homme, simplement parce qu’ils n’avaient pas la même religion.
Grâce à ce regard, Olga Caldas et OKA nous rappellent que tous les fantômes ne sont pas que des victimes. Les nazis aussi furent des fantômes et c’est parce qu’ils avaient le cœur et l’âme vides qu’ils furent démoniaques. (...)
Le travail d’Olga Caldas et d’OkA a également ce mérite. Il nous ramène à la beauté des corps, à la beauté de l’autre, à la beauté du partage : un message puissant de générosité, de tolérance et de paix.
Merci Olga et OKA et fasse que nous puissions continuer à vivre en étant libres malgré nos différences et nos croyances et en ayant plaisir à regarder la beauté des corps nus et la poésie qui s’en dégage.
Dispositif de l’exposition
Photographies – écriture - vidéos – installation
• Les photographies
L’exposition est composée d'une série de dix photographies grand format, qui dévoilent des témoignages retranscrits sur des corps nus, conceptualisés comme des stèles vivantes. Des photographies en noir et blanc, pour une mise à distance, mettant l’accent sur le permanent, l’universel. Ces photographies sont prises sur un fond de draps blancs, en lumière naturelle.
Pour Olga Caldas, « il ne s’agit pas d’esthétisation, mais de révéler la part de beauté́ en chacun comme un antidote à l’horreur ; restituer une dignité́ à ces victimes, les nommer, les convoquer au plus près de nous, porter ces noms comme une cape, comme un manteau protecteur et fardeau à la fois ».
Les photographies sont suspendues au plafond et présentées recto-verso. Cet accrochage à l’avantage d’animer les images, de leur insuffler ainsi un sentient de vie, un frémissement, les rendant plus vivantes, plus proches.
Les visiteurs sont invités à pénétrer dans cet espace, à interagir avec les images en tournant autour d’elles, en lisant les noms inscrits sur les corps, et en engageant une sorte de dialogue silencieux. Ce faisant, ils deviennent à leur tour passeurs de la mémoire des victimes et acteurs de cette commémoration.
• L’écriture des noms
Les noms, prénoms, lieux, dates ont étés retranscrits sur les corps des participants par OKA en une séance d’écriture performative. Une calligraphie a été choisie pour chacun, en fonction de sa propre histoire, au plus près de ce qui a été mis en relief et partagé au cours de l’interview vidéo préalable.
Pour OKA, « cet exercice permet de faire revivre quelque-chose de tous ces morts. Cette tragédie, la leur, nous la sentons soudain vibrer en nous. Elle se fait drame personnel. Elle se fait expérience intime. Son souvenir revient nous hanter comme un fantôme. Lorsqu’il est là, il est nous. Nous l’avons littéralement dans la peau. Il est souffrance, mais il est aussi vérité. Sans lui, il n’y a pas de paix possible. »
• Les vidéos
Les vidéos diffusées sur un grand écran présentent les témoignages des dix personnes photographiées. Filmées en couleur, elles soulignent l’actualité de la parole mémorielle de chacun, leur souvenirs personnels, leur histoire singulière, la relation intime, personnelle qu'ils entretiennent avec la mémoire de ce drame. Un moment très fort, de grande émotion partagée.
• L’installation
Enfin, un espace « boite noire » de la mémoire, intitulée Salle des Noms, tapissée d’un papier peint noir, lieu symbolique de commémoration, offre aux visiteurs la possibilité d’y inscrire les noms de victimes qu’ils souhaitent convoquer à cette commémoration collective.
L’ensemble de ce dispositif d’exposition devrait permettre à tout un chacun de se connecter ou reconnecter avec le souvenir des victimes disparues, et perpétuer la mémoire de leurs vies perdues.
Afin que cette mémoire continue à polliniser nos consciences et à se propager dans des formes et des approches toujours renouvelées. Et c’est ici que le rôle des artistes devient primordial.
Pour une mémoire vivante !
NOTICES BIOGRAPHIQUES
Olga Caldas, artiste photographe plasticienne, vit et travaille à Paris. Directrice artistique et curatrice à l'Immix Galerie (Paris 10) et responsable de la communication à la Halle Saint Pierre, musée dédié à l’Art Brut et aux créations hors normes (Paris 18).
Le corps véhicule d’une mémoire, d’une histoire, d’une identité.
Depuis une quinzaine d’années, elle explore la relation intime au corps au moyen de sa mise en scène et aussi de sa mise en fiction. « Véhicule de l’être-au-monde », à la fois objet et sujet (Merleau-Ponty), elle y interroge le rapport à sa propre histoire, dans une quête identitaire où l’inconscient et la mémoire jouent un rôle majeur. Avec le projet Corps Mémoires, elle aborde, pour la première fois, la relation au corps et à la mémoire collective dans le champ politique, lieu où se joue un rapport de force extrême et violent.
Elle a réalisé près d’une quarantaine d’expositions en France et à l’étranger (USA, Suisse, Belgique, Portugal). Participé à plusieurs salons d’art (Carreau du Temple à Paris, Bruxelles, San Francisco, Carrousel du Louvre...). Elle a été lauréate pour : Art Capital au Grand Palais, Festival Européen de la photo à Arles (Chapelle Saint-Anne), Frame Awards Basel et Paris, Les Rencontres photographiques à Paris.
Son travail a donné lieu à plusieurs publications de livres et de nombreux articles.
OKA, Olivier Carpentier, artiste plasticien, français, vit et travaille à Paris.
Réalisateur de films documentaires, il travaille sur l'histoire ancienne et contemporaine. Réalise des films web avec l’INA pour la chaîne ARTE, et également pour les chaînes TV5 Monde et France.tv.éducation.
Il a également un parcours de rédacteur-en-chef de magazines de presse française : Science et Vie - Ça m'intéresse - Ça m’intéresse Histoire - Questions & Réponses - Étonnant - Le Guide - Néon magazine.
Dans sa recherche artistique et ses créations - sculptures et installations – OKA explore la relation intime à l’histoire, à la culture, au mythe et à la mémoire.
BODY - MEMORIES / LIVING STELE
This is a multimedia project - photos, videos and installation - which aims to pay tribute to the victims of Nazi crimes to testify to the role of the artist in the transmission of a living and still current memory.
It is a multimedia artistic project involving video, writing, photography and installation. It is conceived as a series of large format photos that reveal writings on naked body parts, a bit like living tombstones, accompanied by video interviews in which participants are invited to talk freely and a « black box » for memories, room of names and meditation.
By invoking the names of persons missing due to deportation, whether they were Jews, Gypsies, resistance fighters, people interned for mental health issues or prisoners of war; by writing these names on the bodies of people who are very much alive, we want to question the intimate relationship that everyone has with the memory of these disappearances. And to show how lively this relation still is. Personal. Powerful.
To honour these victims, humanity erect marble tombstones, monuments, mausoleums ... We wish to set up living monuments, made of flesh and blood, of fragility and beauty; restore a body to these innocent victims; restitute their identity, their names, their symbolic body; participate in transmitting a memory whose last witnesses are about to disappear.
Neither of us is Jewish, it is the universal aspect of the subject that interests us, the testimony, the transcendence and also the fact that this humanitarian catastrophe can occur again triggered by different forms of Nazi ideology. It is never « outdated ». And even, it constantly reappears all over the world and it is the case just right now with the war in Ukrain !
So this project is also a commitment in favour of tolerance and peace.
A kind of meditation, of secular prayer to perform together for the future generations, so that the innocence of future «bodies» may be preserved and the fratricidal wars stopped !