du 18 au 22 juin 2025
École d’art Prép’Art - Paris XX
Communiqué de presse
Il est intéressant de voir la genèse de ces salons érotiques qui furent créés par hasard. Le tout premier salon était une plaisanterie.
Nous avions ouvert un espace d’expositions à Romainville en 2007, du temps où l’art contemporain n’avait pas encore pris ses marques dans cette ville, loin de là. C’était une salaison, d’où le nom de l’association, que nous avons administré à trois photographes : Aurel Tincelin, Aurélie Veyron et moi-même. Nous nous donnions mutuellement des cartes blanches afin de laisser libre cours aux intérêts de chacun. Les jeunes du lycée professionnel, qui se situait en face des salaisons, l’appelaient : « la maison du cochon » car un cochon dessiné trônait en façade. En huit années d’exploitation du lieu, nous avons réalisé une cinquantaine d’expositions et lors d’une de mes cartes blanches, j’ai décidé d’organiser un salon « cochon », un salon du dessin érotique. C’était une blague un peu potache car les salons n’étaient pas très en vogue et l’érotisme parfaitement désuet.
Néanmoins, le salon a plutôt bien fonctionné dès le début, ce qui m’a donné l’envie de le rééditer chaque année sous la forme d’un appel à candidatures sans cv.
Avec l’évolution des mœurs, le respect nouveau des personnes trans, inter et non-binaires, le mouvement #Metoo, le salon salo (qui signifie aussi en ukrainien le gras du cochon) a pris de nouvelles tournures avec moins de candidatures pornographiques. Ce sont des atmosphères intimes et personnelles qui sont aujourd’hui proposées, des fantasmagories érotiques et colorées. Il faut espérer que la mise en exergue de corps de femmes, d’enfants
et d’hommes anonymes et sans droit va se raréfier. De fait, une grande partie des artistes qui expose dans ce salon exercent une reprise en main, en œuvres plutôt, d’un érotisme qui a été détruit ou qui leur a été volé, cela se perçoit parfois dans les pièces exposées. Les artistes travaillent sur les ombres de la société, sur le non-dit, sur ce qui a été perdu et ce qui manque à la vie, c’est une puissance de réparation et de reconstruction par l’art, d’où la nécessité de ce salon.
Laurent Quénéhen, commissaire de Salo XIII